J80 à J84 à Casey

Le paysage de la péninsule de Bailey au couchant ce mercredi 28 février au soir pendant ma deuxième séance de ski de randonnée de la semaine Merci à ma monitrice de ski Phoebe et à mon compagnon de randonnée britannique Chris @crédit photo Jenn Zhu (AAD)

Le couchant de dimanche 25 février au soir

Reeves hill et son reflet ce mardi 27 février

La station de Casey

La partie Ouest de la station

La partie Est de la station

Un Hägglunds et sa remorque au stationnement après nos 4h15 de "mini raid" entre la station de Casey et l'aéroport de Wilkins ce lundi 26 février. Ce mini raid a été effectué dans un white out total. Notre Field Training Office qui nous accompagnait a eu bien du mérite de parcourir les 70 km dans ces conditions. Surtout qu'il a fallu le soir venu refaire les 70 km dans l'autre sens en 3h30.

Mon ami Steve, électricien, avec qui j'ai partagé la remorque arrière du Hägglunds pendant 4 heure en aveugle totale (les fenêtres latérales étaient enneigées et givrées). Nous avons discuté pendant 4h à l'aller. AU retour nous étions un peu plus taiseux !!! Fatigue oblige !

Je vous laisse chercher la ligne d'horizon dans ce white out

Hier mercredi 27 février au soir, j'ai pu bénéficier de l'expertise de Damien, mécanicien français membre du raid australien et ex membre du raid français, pour me faire présenter les engins et modules du raid australien.

Les 6 tracteurs (des Challengers) qui ont effectué le raid australien en décembre et qui sont passés par Concordia !

Leur caravane de  40 pieds qui abrite leur cuisine et leur salle de bain !

Lors d'une sortie "loisir" sur le terrain dimanche en fin d'après-midi, je me suis équipé de la tenue de survie des australiens qui étaient plus adaptée que la tenue polaire française pour effectuer mes 90 minutes de ski de randonnée sur la boucle de ski de la station.

Les couleurs franco-australiennes ont flotté au vent toute cette semaine


 Voilà, la semaine d'inspection de la station australienne de Casey à laquelle j'ai eu le privilège de participer s'est achevée hier soir. Ce matin, nous aurions dû décoller pour rentrer à Hobart pour qu'ensuite je rentre en France, mais il n'en a rien été puisque les mauvaises météos sur la piste de l'aérodrome intercontinental de Wilkins ont provoqué un faux départ. Nous avons avons donc passé une journée supplémentaire sur place à enrichir notre rapport et nos observations. Cela aura aussi été l'occasion de mieux appréhender ce magnifique environnement polaire autour de la station de Casey avec une somptueuse sortie de ski de randonnée sur les coups de 17h30 avec Phoebe, project engineer et monitrice de ski, et Chris, maintenance planner et britannique. 

J'ai pu contempler pour une dernière fois ces magnifiques paysages polaires inoubliables sous le plus bel éclairage qui soit : le soleil couchant. Jenn, comms operator, a eu la bonne idée de nous immortaliser lors de notre randonnée dans ce décor unique au monde.

Cette journée supplémentaire et imprévue aura ponctué (je l'espère car, même si le vol est re-programmé demain, il n'est pas confirmé à cette heure avancé de la nuit) ma magnifique semaine d'observateur français au sein de la station australienne. Nous n'avons pas arrêté depuis notre arrivée sur place mercredi dernier. Les visites et les entretiens se sont enchaînés à bon rythme et nous avons occupé nos temps libres à avancer la rédaction à 3 mains du rapport d'observation à remettre dans un mois. 

Lundi au lendemain d'une journée de semi-repos, nous nous sommes rendus à l'aéroport pour une inspection des installations et équipements présents autour de la piste. Nous avons donc passé plus de 7h30 à parcourir la route (aller-retour) dans un white out glaçant. La conductrice de notre Hägglunds suivait tant bien que mal sa ligne rouge sur son écran de GPS sans réussir à apercevoir le bourrelet de la piste effacé par les accumulations de la neige de la nuit... Quelle détermination ! Nous l'avons chaleureusement remercié à nos arrivées. Pendant qu'elle galérait à piloter notre véhicule, j'étais sommairement installé à l'arrière dans une remorque en compagnie de Steve, un électricien australien qui avait quelques travaux à effectuer à Wilkins.

 

Comme j'ai déjà eu l'occasion de l'écrire ici à de multiples reprises, l'Antarctique est une cour des miracles. Si j'avais croisé Steve dans la rue, dans un bar ou dans un bus à Perth, la ville où il habite à l'année, nous ne nous serions jamais abordés. Juste avant de quitter le vestiaire de la station nous nous étions salués en découvrant que nous allions faire route commune (je ne savais pas encore à cet instant de la matinée, que pour des raisons de sécurité il fallait être deux dans la remorque et qu'il lui faudrait un compagnon de voyage pour les 4h de route aller et les 3h30 de route retour). Je l'avais vu glisser un livre dans son sac à dos et j'avais moi même glisser ma liseuse dans le mien. 

Quand Bridget notre conductrice et Field training officer, m'a demandé de me joindre à Steve à l'arrière, je me préparais donc à un trajet silencieux durant lequel chacun aurait avalé les mots de son auteur anglophone pour l'un et francophone pour l'autre. Ma pratique, certes endurcie depuis 3 semaines, de l'anglais ne me laissait pas beaucoup d'espoir de tenir l'échange bien longtemps avec Steve. 

Et le miracle est advenu, comme tant de fois en Antarctique ... Steve et moi avons discouru 4 h durant sans nous arrêter (même pas pour réclamer une pause pipi ... j'avoue, j'ai couru comme un fou jusqu'au toilettes de l'aéroport en arrivant pour soulager ma vessie dans un bidon dédié à cette vidange libératrice). Et oui, Steve a fait le double effort de comprendre mon anglais balbutiant et d'adapter son élocution et sa prononciation à mon niveau, tout en respectant mon effort de pratique de l'anglais. Nous avons donc parlé de l'Antarctique qu'il découvre comme moi pour la première fois à 66 ans (oui, nous sommes en Australie), de nos lieux de vie respectives aux confins de l'Australie (Perth) et de l'Europe (Brest) ... Tout en devisant, nous avons dérivé vers l'histoire maritime des premiers migrants européens vers l'Australie et des aventures maritimes de mutinerie et autres rebondissements marins comme seuls peuvent les faire advenir les grandes expéditions ... Nous avons partagé nos auteurs, nos livres ... Une vraie discussion improbable dans une remorque de Hägglunds non chauffée en plein milieu de l'Antarctique ! Un miracle je vous dit. Au fond de moi je pensais bien fort à Ewen et Isalyne qui souriront bien largement lorsqu'ils imagineront leur père deviser en anglais avec un australien pendant 4 h (Steve m'a signé une attestation de la parfaite réalité de cet évènement miracukleux et du plaisir partagé que nous avons eu à parler).

Pendant ma semaine, j'ai aussi fait de très belles rencontres avec Phoebe et James qui sont amateurs de la langue française et qui étaient heureux de parler français. Je me suis progressivement glissé chaque soir à leur table avec leurs collègues de travail et de repas pour participer aux deux quizz quotidiens : 15 questions en anglais sur différents thèmes (un jeu collectif très courant en australie et en Nouvelle-Zélande auquel je m'étais adonné il y a 3 semaines à Kaikoura avec Eline et Thibaut le premier soir de mes vacances). Autour de cette table, nous avons piqué des fous rires inoubliables, chacun apportant sa pierre à l'édifice pour essayer de hisser l'équipe à son score maximal de 15 bonnes réponses sur 15 !!! A l'issue de l'une de ces soirées j'ai fait la rencontre de Chris, un britannique à la carrière internationale, qui après avoir travaillé pour l'institut polaire britannique travaille actuellement pour l'institut polaire australien. Après 90 min de conversation en anglais (un peu plus simple car Chris parle un anglais conventionnel avec une prononciation et une élocution semblable à celles de mes souvenirs scolaires), nous avons éclaté de rire en découvrant que j'avais croisé sa compagne à Hobart la veille de mon départ pour Christchurch ... En sa qualité de directrice de l'Antarctic Tasmania nous avait accueilli pour une soirée de rassemblement de la communauté antarctique de Hobart (opérateurs, entreprises, organismes de recherche, services gouvernementaux, fournisseurs....). The world is small !

 Puis j'ai pris le temps de retrouver Damien, mécanicien dans l'équipe du raid australien pour la deuxième saison et qui a été un mécanicien apprécié sur le raid français pendant plusieurs années. Il a pris son temps pour me présenter les machines, les caravanes et les modules énergie... Nous avons terminé la soirée avec ses collègues autour d'une bière qu'il a eu la gentillesse de m'offrir (pas de consommations payantes au bar ici à Casey, chacun apporte son alcool depuis l'Australie selon un savant calcul de quantité multiple du nombre de semaines que passent chaque expéditionnaire dans la station). Nouvelle soirée en anglais, avec ses collègues à qui, pour satisfaire leur curiosité de mes goûts musicaux, j'ai fait découvrir Juliette Armanet avec le titre la fièvre du Disco. (Je n'allais pas plomber l'ambiance avec Dominique A). 

Ce matin, de façon amusante, la play-list du chef en cuisine émettait des titres français à chacun de mes entrées dans l'espace de restauration...

Voilà pour mes dernières tranches de vie antarctique ! Ce soir par le plus grand des hasards, Matt, mon quasi homologue que j'avais sollicité pour avoir des échanges fin janvier à l'institut polaire australien était heureux de partager un verre de Whisky japonnais avec notre joyeuse troupe  à l'occasion de son anniversaire ! 

Un signe de bon augure qui témoigne de la solide fraternité et solidarité de la communauté internationale polaire !

Espérons que demain, je les survolerai tous pour les saluer d'un très léger battement d'aile ! Fingers crossed !

Demain je me souhaite d'entamer mon voyage retour de Bailey Peninsula au Goulet de Brest !

Commentaires

  1. De jolies photos et un bien chouette récit pour terminer cette séquence "in situ" de tes activités professionnelles (saison 1 ;-) ). Bon retour à toi.
    Jo

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